Les conflits relationnels et les souffrances qu’ils engendrent sont une des premières causes d’entrée en thérapie.

Le mal-être relationnel peut s’installer dans différents domaines, la vie privée avec le.la conjoint.e, les enfants, les parents mais aussi dans la vie professionnelle. Celui que l’on a avec le ou la supérieur.e hiérarchique génère des conflits inégaux car le pouvoir n’est pas également réparti. Pour autant le conflit entre collègues, à niveau pourtant égal, peut aussi être dévastateur.

Le conflits relationnels au travail sont la première cause de souffrance au travail.

Si les situations sont souvent complexes, avec un contexte, une mise en place et des rebondissements, ils sont d’autant plus douloureux qu’ils naissent sur un terrain déjà en partie miné. En effet, nous ne sommes pas dans ce monde, que des adultes doués de raison, tranquilles et solides dans nos compétences, nous sommes constitués de toutes nos expériences, nos bonheurs et nos traumas qui nous ont donné de l’assurance dans certains domaines et fragilisés dans d’autres.

Le chef de Charles* est une personne exigeante, au ton acerbe et ses interventions dans le travail ne sont guère bienveillantes. Certains dans son service ne s’en formalisent pas mais Charles y est très sensible. Il craint l’arrivée de son responsable dans le bureau, il s’attend toujours à une remarque désagréable ou une demande qui lui semble impossible à honorer.

Charles avait un père très sévère. Toute sa scolarité, il a été jugé et évalué défavorablement par celui-ci. Quand bien même ses notes étaient bonnes, elles ne l’étaient jamais assez. Dès que son père arrivait, Charles s’attendait à être dévalorisé et se sentait déjà fragilisé alors même que son père n’avait pas encore parlé. 

La thérapie lui permet de faire ce lien avec son enfance.

Si le lien paraît évident aujourd’hui, il ne l’était pas pour Charles, emmêlé qu’il était dans la peur, son anticipation négative des interactions avec son chef. Il souffrait sans voir d’amélioration possible dans cette relation et envisageait même de quitter son travail, un poste qu’il aime énormément par ailleurs. Le manque de reconnaissance était dévastateur pour lui, il n’arrivait pas à évaluer ses propres compétences, à avoir confiance en lui. 

Le travail thérapeutique lui a permis de comprendre ses fragilités réactivées dans la relation et de ne plus être débordé par elles. Il s’est détaché des comportements de son chef et a pris conscience de ses forces réelles. Il se sent mieux dans son travail et étonnamment, son chef le laisse beaucoup plus tranquille et le félicite parfois sur certains dossiers.

Prendre conscience des croyances limitantes

Marjorie* est en couple avec Damien depuis un an, ils ne vivent pas ensemble mais se voient plusieurs fois par semaine et envisagent de partager un appartement. À la moindre dispute, Marjorie panique, Damien va la quitter c’est sûr. Il n’acceptera pas qu’elle ait une opinion différente de lui, elle n’est pas assez jolie, ni intelligente, etc. pour qu’il ait envie de rester avec elle. Elle est à fleur de peau, inquiète et fait tout pour plaire à son amoureux, elle s’épuise à essayer d’être une version améliorée d’elle-même puisque son vrai Soi lui paraît trop insignifiant. « Il va s’apercevoir que je n’en vaux pas la peine » me dit-elle lors de la première séance. Plus leur relation s’approfondit, plus elle a peur.

Marjorie a vu ses parents se séparer alors qu’elle avait 12 ans. Dans un conflit terrible, son père est parti avec une collègue, plus jeune que sa mère qui en a énormément souffert. Sa mère avec laquelle elle vivait, a sombré dans une grande tristesse, a accumulé rancœur et colère et perdu toute confiance en elle. Elle disait à sa fille « Ne fais jamais confiance à un homme », « dès qu’ils trouvent une plus belle, une plus jeune, plus rien ne tient », « Ne tombe pas amoureuse ma fille, ça fait trop mal » etc. Marjorie a passé une adolescence engluée dans les messages négatifs de sa mère dépressive, elle n’avait par ailleurs guère de contact avec son père qui semblait se désintéresser d’elle. Elle a intégré cette vision négative des hommes et l’absence de son père l’a confirmé dans la croyance qu’elle n’était définitivement pas assez bien pour intéresser quelqu’un.

Le travail thérapeutique a permis à Marjorie de prendre conscience des croyances limitantes qui la minait. Il lui a fallu du temps pour voir cela et envisager les situations sous un autre angle. Elle a pu enfin se détendre dans la relation, avoir en confiance en la belle personne qu’elle était. Damien et Marjorie sont maintenant pacsés et ont quitté Paris pour une maison plus grande en Province pour un nouveau projet de vie. 

Dans tous les domaines, nous sommes le fruit de notre histoire. Il y a eu du bon et nous en avons tiré des forces, des compétences, il y a des domaines où nous nous sentons solides. Mais il y a eu aussi des situations difficiles, parfois traumatiques qui ont engendré des fragilités plus ou moins grandes, des contextes où l’on doute, où l’on a peur.

Tirer les fils de ses expériences, comment elles agissent aujourd’hui dans notre façon d’être, comment elles interviennent dans notre vie sans que nous en ayons conscience, permet de se dégager de la gangue dans laquelle elles nous enferment. Mettre de la conscience permet de retrouver des forces là où on se sentait insuffisant.

Dans l’interaction avec un thérapeute bienveillant, on apprend à démêler ses fils qui nous entravent et à retrouver un espace de liberté en soi et dans sa vie.

*les prénoms ont été modifiés